Coralina, la serventa amorosa

Cher public, nous vous souhaitons à nouveau la bienvenue dans notre théâtre, avec un sourire plein d'espoir, et nous nous demandons, inquiets, si vous voudrez jouer avec nous le temps de la représentation qui est sur le point de commencer. Ces jours-ci, alors que nous répétons, nous avons cherché dans l'ouvrage que nous avons voulu faire nôtre, une manière d'expliquer l'histoire de Coralina. Il ne nous est pas toujours facile de trouver le ton, de découvrir un moyen terme d'atteindre l'essence de ce que devait rechercher Goldoni, et de la transmettre à nos jours. Le jeu du théâtre permet d'aller de haut en bas à travers les sentiments et les émotions, et de trouver un moyen de vous les faire parvenir. Et parfois aussi, de repenser les formes propres du théâtre. Quel vertige, n'est-ce pas ? C'est ce que nous ressentons pendant que nous répétons. Comment trouver la vérité depuis l'artifice, ou plutôt comment montrer l'artifice qui fait sourire dans la vérité qui fait pleurer ? Nous sommes excités de vous montrer notre travail, nous sommes impatients de le partager avec vous, et de tenter de trouver ensembles ce ton que nous recherchons. Les comédies de Goldoni naissent à un moment de changement et elles représentent elles-mêmes un changement très important pour le théâtre, peut-être pour cela elles proposent une constante évolution. Nous nous trouvons aux frontières de ce que nous savons déjà et de ce que nous voulons faire naître à nouveau. Ce qui est ancien peut être contemporain si nous savons trouver la couleur de chaque geste et de chaque respiration. Et nous voudrions que tout soit aimable et doux comme une chanson d'été qui nous caresse. C'est un moment important et magnifique pour nous, qui nous fait ressentir vivants. Nous espérons que ces personnages vous feront parvenir ailleurs, comme c'est le cas pour nous.

Oriol Broggi