Amor Fe Esperança

Quelle force a l'amour ? En quoi avons-nous foi ? Est-il possible de garder l'espoir vivant ?

Ödön von Horváth, l'un des plus grands dramaturges des années tumultueuses 1920 et 1930, a écrit cette "pièce populaire" à partir d'un événement réel relaté par un ami journaliste. Une fille qui a quitté sa maison et veut être indépendante se retrouve piégée par les mécanismes sociaux qui, dans le but de contrôler et de réglementer le travail et les relations entre les personnes, finissent par étouffer son destin. La santé, le marché du travail, l'assistance sociale, le système judiciaire, l'appareil policier... Horváth trace le parcours d'Elizabeth, un cas tiré de la vie quotidienne qui finit par devenir une véritable "danse macabre".

Mais malgré tout, malgré la sombre prémonition qui entoure Elizabeth et malgré la mesquinerie de tous ceux qui l'entourent, le regard de Horváth garde toujours une étrange chaleur. Avec un mélange personnel d'ironie, de tendresse et d'humour noir, Horváth décrit avec netteté les rêves et les misères du peuple, des classes laborieuses et de la petite bourgeoisie. Dans une société où le fascisme couve sous terre, Horváth ne sauve ni les bons ni n'accuse les méchants, mais alerte plutôt sur le mal diffus en chacun. Amor Fe Esperança devait être créé en 1933, mais la victoire des nazis aux élections a entraîné une interdiction immédiate de sa première. Aujourd'hui, la pièce, pour le meilleur et pour le pire, reste entièrement pertinente.

Cette pièce est dédiée à toutes les femmes et à tous les hommes qui chaque jour se débrouillent seuls, sans papiers, dans un monde où on leur fait croire qu'ils sont plus une nuisance qu'un service. Je ne sais pas s'il est encore possible de croire en l'amour, en la foi, en l'espoir. Mais je crois en le courage.

Carlota Subirós