Els Cors Purs

Els cors purs est un voyage que nous voulions entreprendre depuis longtemps. C'est un spectacle qui nous trottait dans la tête depuis un certain temps et un texte qui nous hantait - pour ce qu'il raconte, pour la brutalité cachée derrière une histoire en apparence simple. À partir du récit de Joseph Kessel, nous aimerions parvenir à expliquer la relation presque immobile entre deux personnes qui s'aiment ; expliquer leurs causes, leurs arguments, leurs renoncements.

Comment transporter cette situation, pratiquement dépourvue d'action, dans le langage théâtral ? Nous laisserons les acteurs prendre possession des personnages (ou vice versa), de là où chacun se trouve. Peut-être que le théâtre est cette quête, un chemin difficile pour trouver un nouveau langage, une manière de montrer ce que nous ne voyons pas au premier coup d'œil ; une fissure à travers laquelle observer l'immobilité de deux personnes qui ne se permettent pas de s'aimer. Une peine infinie. Un pincement au cœur qui apparaît soudainement, tandis que sur scène, les acteurs - et les personnages - dissimulent ce qu'ils ressentent. Et ils volent, et les mots volent aussi, et avec eux les idées, et tout peut flotter devant nous sans que nous le trouvions étrange, comme si quelque chose se réveillait soudainement en nous.

Il y a quelque temps, j'ai été impressionné de voir un Hamlet avec les Tiger Lillies - un accordéoniste chantait d'une voix cassée tandis qu'il planait, et sa musique pénétrait l'âme. De cette expérience et de la redécouverte du vieux (et beau) texte de Kessel, ce spectacle est né, qui a grandi peu à peu et s'est enrichi de diverses références irlandaises, de mots et de phrases issus de différentes lectures, de vieilles chansons, de souvenirs, d'images et d'idées qui sont devenues partie de nous. Et ils nous poussent, encore une fois, à rechercher la plasticité et la poésie à chaque instant. Pourquoi Matisse peint-il des gens nus dansant sur deux couleurs, ou Marc Chagall deux amoureux survolant la vie qui passe, et nous pouvons commencer à pleurer pour aucune raison ? Pourquoi trouvons-nous cela beau ? Parce que cela nous dit quelque chose que nous portons en nous en utilisant une nouvelle forme.

Cette histoire de Cork, dans l'Irlande ancienne, tumultueuse, généreuse, gentille, nous terrifie au fond du cœur, soudainement, et nous aimerions qu'elle ne parte jamais. Voici que Les cœurs purs est un conte qui voudrait être un poème. Un ensemble d'images, de mots, de musique, devant vous, en vous.

Oriol Broggi